Murs et évasion

De vieilles pierres sont empilées les unes sur les autres. Leur taille change, leur couleur aussi. Elles vont d'une couleur beige très claire à une teinte fauve, à la limite du rouge et du brun. Des pierres plus petites comblent les trous entre les formes irrégulières des briques. Je n'en vois pas une seule dont les bords seraient droits, je n'en voit pas non plus qui pourraient être jumelles. Ce mur évoque les restes d'un culture pastorale, il ressemble à ceux qu'on peut retrouver dans la France mediterranéenne. Il fait penser aux murets à demi effondrés du chemin du littoral du Valinco, ou aux vieux cabanons de chasse de Provence

Il rappelle ces jours sucrés où, en se hissant sur la pointe des pieds, on peut voir le jour qui s'étale sur des kilomètres de nature. Il évoque cette découverte d'un paysage inattendu, surgi au détour d'une colline et qui se prolonge de loin en loin. Les arbres s'étendent, et c'est un corridor de branches vers un autre univers. Un univers de possibles, où le vent porte le miel et où les oiseaux buttinent quelques bourgeons de sucre. Peut-être même que ce monde là serait suspendu comme un jardin, qu'il flotterait au dessus des eaux et balancerait dans les airs. Qu'il ouvrirait sur une grande continuité bleu, sur une seule et même masse entre la terre et le ciel. L'Eden se voile de murs de grès. Il se glisse hors des murs, et se suspend, capsule d'air pur pour qui sait la saisir, aux branches des cerisiers. Et le gazouillis de ses rivières sont un nectar pour celui qui n'a jamais sous la dent que son béton quotidien. Non, vraiment, il fait bon partir un peu à la campagne à l'occasion, d'un coup de voiture ou d'un coup de photo.

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